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En quoi votre religion est-elle moderne?



Existe-t-il un espoir de salut hors de la religion?

Mgr J.-P. R. - Ce n'est pas la religion qui sauve, mais Dieu seul! La religion catholique propose aux hommes de prendre conscience de la pré sence de Dieu dans leur vie, de se mettre à l'é coute de Dieu et de dé couvrir ainsi le salut qui est offert. Mais Dieu est plus grand que les moyens de salut qu'il met à notre disposition dans l'Histoire et sa volonté de salut concerne mysté rieusement tous les hommes.

Pasteur J.-A. de C. - Si je m'inscris dans la foi chré tienne, mon salut est lié à la personne du Christ. Est-ce dire qu'il n'y a pas de salut en dehors de la foi chré tienne? Je conç ois parfaitement que Dieu puisse utiliser d'autres voies pour s'approcher des hommes. D'où mon respect pour d'autres approches religieuses. Mais la seule dont je suis assuré est bien la relation personnelle au Christ qui m'est donné e par la foi.

 

Grand rabbin J. S. - Pour nous, la religion ne se dé finit pas simplement comme une croyance ou une pratique. Il s'agit moins de la ré alisation de certains gestes rituels que d'une conception globale de la vie. Elle permet donc à tous les hommes, quels que soient leurs engagements, de parvenir à une plé nitude, et par là -mê me à ce que vous appelez le salut.

 

Recteur D. B. - Le salut est une conception chré tienne. En islam, le pé ché originel n'existe pas. Le salut est lié au mé rite et non à la grâ ce ré demptrice. Si tu as fait une once de bien ou une once de mal, elle te sera compté e. Le musulman est sauvé par la misé ricorde divine, ou la repentance.

 

Une religion peut-elle vivre avec ses seuls livres saints?

Mgr J.-P. R. - Contrairement à ce qu'on entend souvent, le christianisme n'est pas une religion du Livre. Elle est la religion de l'Incarnation: Dieu a pris chair et s'est fait homme. C'est à travers les hommes qui traduisent leur foi en actes, qui aiment leur prochain comme Jé sus nous a aimé s, que la religion reste vivante. Mais la mé ditation des Ecritures saintes est indispensable pour nourrir sa foi et suivre l'exemple du Christ.

 

Pasteur J.-A. de C. - Une religion est en dialogue permanent avec la culture de son temps; elle se fonde sur ses textes saints mais en dialogue avec la philosophie, la science, les arts de son temps. Mais elle se vit aussi avec d'autres croyants dans le cadre d'une communauté, lors des offices ou de temps de ré flexion et de partage.

 

Grand rabbin J. S. - La base de notre foi est que D... ne s'est pas ravisé dans l'é noncé de la Torah, qui par essence est à la fois le ré ceptacle et la matiè re, le contenant universel et le contenu infini. Comme dit le Talmud: « Tout y est contenu. » II n'y a pas de post-scriptum.

 

Recteur D. B. - La religion a son propre message, mais l'homme religieux doit s'ouvrir à une expé rience religieuse et à des vé rité s spirituelles plus qu'à une vie religieuse.

 

En quoi votre religion est-elle moderne?

 

Mgr J.-P. R. - Parce qu'elle apporte des ré ponses aux inter­rogations de notre temps. Par la grande importance qu'elle accorde à chaque personne, elle rejoint l'homme moderne é pris de liberté et d'autonomie. Mais, en mê me temps, elle rappelle que l'homme est un ê tre social, un ê tre de rela­tions, et qu'il existe un bien commun qui dé passe les inté ­rê ts particuliers. Proposer la foi dans la socié té actuelle revient à proposer un chemin original pour conjuguer l'é panouissement personnel et la construction d'une socié té toujours plus juste et plus solidaire.

 

 

Pasteur J.-A. de С. - Le protestantisme fait la distinction entre foi et religion; la foi est relation personnelle avec Dieu; la religion est le produit de la rencontre entre la foi des croyants et la culture dans laquelle ils vivent; la foi doit toujours rester critique à l'é gard de la religion; elle est en dialogue permanent avec la culture; elle ne peut se contenter de l'expé rience du passé, elle s'inscrit toujours dans la modernité. Le protestantisme a toujours souligné la responsabilité et la liberté de l'individu primant sur le col­lectif. C'est ainsi que le protestantisme a toujours é té aux avant-postes sur les ré flexions é thiques.

 

Grand rabbin J. S. - Elle est moderne parce qu'elle est por­teuse d'une dynamique de vie qui embrasse tous les domaines de l'existence et qu'elle permet, par le biais de la « loi orale », les adaptations aux nouvelles ré alité s dans le respect des principes ancestraux.

 

Recteur D. B. - Elle est moderne car la notion de Dieu unique a é té é levé e à une conception transcendante mon­trant l'incapacité de l'homme à personnifier Dieu.

 

 

La loi religieuse a-t-elle vocation à remplacer les lois ré publicaines?

 

Mgr J.-P. R. - Non, surtout pas. Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l'Eglise sont indé pendantes l'une de l'autre et autonomes. Mais cette indé pendance et cette autonomie n'empê chent pas une saine coopé ration pour le bien de tous.

 

Pasteur J.-A. de C. - La Ré publique, laï que, offre l'espace pour que croyants et non-croyants puissent vivre ensemble. Ce sont les lois de la Ré publique seules qui peuvent ré gir cet espace public. Les lois religieuses ne peuvent ré gir que l'espace privé dè s lors qu'elles ne viennent pas troubler l'ordre public.

 

Grand rabbin J. S. - Non, bien au contraire! D'ailleurs, dè s le premier exil au VII siè cle avant l'è re vulgaire, le pro­phè te Jé ré mie recommandait aux premiers exilé s juifs de prier pour l'Etat dans lequel ils se trouvaient, et de contribuer à sa prospé rité.

 

Recteur D. B. - Non. Les lois ré publicaines doivent ré gir la vie exoté rique, tandis que les lois religieuses sont destiné es à baliser le cheminement spirituel de l'homme. Ma conception de la laï cité est forte au point que j'aimerais que beaucoup de pays musulmans respectent cette sé paration.

 

Quand on é voque des conflits de civilisation, ne s'agit-il pas en fait de guerres de religion?

Mgr J.-P. R. -J'aurais envie de dire l'inverse. Ce qu'on appelle guerres de religion cache souvent des conflits politiques, sociaux et culturels qui utilisent le religieux pour absolutiser certaines causes. Les responsables religieux doivent ê tre trè s attentifs aujourd'hui à ne pas laisser la religion ê tre ainsi instrumentalisé e.

 

Pasteur J.-A. de C. - II n'y a pas de conflits de civilisation! Il y a des conflits de pouvoir ou d'inté rê ts, des conflits à fondements sociaux ou é conomiques… instrumentalisant souvent des dimensions religieuses, malgré le dé ni de bien des responsables religieux.

 

Grand rabbin J. S. - II est vrai que de nombreux conflits relè vent de manifestations modernes des guerres de religion.

 

Recteur D. B. - En effet, on dé nombre aujourd'hui dans le monde quatre-vingts conflits qui ont pour cause des mé sententes religieuses. Je pense que ces conflits sont les sé quelles d'une vision passé iste des religions. Aujour­d'hui, les religions doivent inciter à vivre ensemble et à cohabiter pacifiquement.

 

Les dogmes peuvent-ils é voluer?

Mgr J.-P. R. - Oui, mais dans le sens d'un approfondissement. Par les dogmes, l'Eglise catholique pré cise aux fidè les les vé rité s de foi contenues dans la Ré vé lation. Mais dans le christianisme, ces vé rité s ont pour but de conduire à la vé rité. Celle-ci ne s'enferme pas dans une formule, mais elle dé signe quelqu'un, Dieu lui-mê me. En ce sens, personne ne possè de la vé rité, elle est l'objet d'une recherche incessante. La ré flexion chré tienne consiste alors en cet approfondissement de la connaissance de la vé rité ré vé lé e par Dieu.

 

Pasteur J.-A. de C. - Oui. Les dogmes, si l'on entend par là des affirmations de la foi en relation avec la culture, sont par dé finition appelé s à é voluer. Si on parle du contenu de la foi, il est toujours à reprendre, à reformuler à la lumiè re des Ecritures et en fonction de la culture et du contexte historique de l'é poque. Dans le protestantisme, il n'y a pas de dogme intangible.

 

Grand rabbin J. S. - La notion de dogme mé rite d'ê tre pré cisé e. En effet, dans la mesure où ils dé finissent l'absolu qu'est D..., il va de soi qu'ils sont intangibles. D'autre part, la morale et l'é thique ne peuvent ê tre perç ues comme é volutives puisqu'elles demeurent les ré fé rences de toute civilisation.

 

Recteur D. B. - C'est moins les dogmes qui doivent changer que l'homme qui les lit. Il doit les lire avec l'interpré tation en phase avec l'é poque à laquelle il vit. On ne peut pas appliquer le dogme comme à l'é poque de sa promulgation.

 


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